Ce projet a pris forme avec des portraits de femmes et d'hommes que j'avais rencontrés en Seine Saint Denis.

Leur engagement personnel au service de la collectivité dans les milieux de l’insertion, de la formation, de la solidarité ou de la culture m'avait beaucoup impressionné.

Et, finalement, le projet initial est devenu un hommage à des femmes et des hommes dont l’action personnelle a été déterminante localement et s'est concrétisée à travers des réalisations, des créations originales ….
Exposition itinérante de 2007 à 2011 ...

Cette exposition a été présentée pour la première fois fin 2007 à Pantin au restaurant d'insertion "Le Relais" - un endroit significatif et cohérent avec le projet. Le thème de l’ « engagement personnel » qui en est le fil conducteur m’a amené à porter cette exposition au regard des jeunes et de leur donner ainsi une opportunité d’engager un dialogue sur ce thème. L'exposition est alors devenue "itinérante" dans des lieux d'enseignement et de formation d'Ile de France ...

SAINT OUEN, Lycée Auguste Blanqui - LA COURNEUVE, Lycée Denis Papin - GAGNY, Lycée Gustave Eiffel - MONTREUIL, Lycée Condorcet - BOBIGNY, Inspection Académique - AUBERVILLIERS, Lycée d’Alembert – EPINAY, Lycée Louise Michel – STAINS, Lycée Maurice Utrillo - CONFLANS SAINTE HONORINE, Lycée Jules Ferry - HERBLAY, Lycée Montesquieu - VILLIERS LE BEL, Institut des Métiers de l'Apprentissage - BEAUMONT SUR OISE, Lycée Gallois - POISSY, Lycée Charles de Gaulle -SAINT OUEN L'AUMONE, Lycée Jean Perrin - SARTROUVILLE, Lycée Jules Verne ... CERGY, Lycée Galilée - ARGENTEUIL, Lycée Jean Jaurès - SAINT OUEN L 'AUMONE, Lycée Jean Perrin - MANTES LA VILLE, Lycée Camille Claudel - LES MUREAUX, Lycée François Villon - SAINT OUEN L'AUMONE, Maison départementale de l'Education / CDDP 95 ....


Belkacem KHEDER

Belkacem KHEDER
Il est né en Algérie d’un père sous officier dans l’Armée française. Etudes secondaires à Alger puis à Paris. Devenu soutien de famille il commence à travailler dans le théâtre et devient comédien professionnel. Pendant deux ans il travaille comme animateur socio-éducatif à Montreuil et se forme en parallèle à la fonction d’animation et gestion d’un équipement socio-éducatif. Il participe à la création et à la direction d’un centre social à Bondy ; il crée une SCOP en 1980. Quelques années plus tard il crée dans Paris un lieu de restauration qui est aussi club de jazz. Il participe ensuite au projet de création d’une maison d’initiatives à vocation sociale et économique à Pantin. Et c'est là qu'en 1991 il fonde Le Relais et en devient directeur.
Le Relais est un restaurant et un service traiteur. Il a le statut d’entreprise d’insertion. C’est aussi un centre de formation qui accueille chaque année une centaine de demandeurs d'emploi. Une équipe de professionnels y transmettent leurs compétences et communiquent le plaisir de leur métier à des jeunes sortis du système scolaire sans qualification et à des adultes.
Le Relais –restaurant a une capacité d’accueil de plus de 100 couverts et est prestataire de service pour plusieurs collectivités et grandes entreprises.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion par l’économique ?
Mon travail avec de jeunes adolescents issus de l’immigration m’a fait découvrir leurs problématiques particulièrement en matière d’emploi et de formation professionnelle.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Oui, une action expérimentale menée en 1980 : la création d’une société coopérative de production (SCOP) dans le domaine du second œuvre et du dépannage TH/Fi, et la mise en place en parallèle d’un centre de préformation.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
L’effort, la régularité. Le travail, qui structure l’individu et lui donne une place dans la collectivité. Le partage avec les autres…

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Le Relais qui, avec son statut d’entreprise et sa structure de formation, permet de mettre ou remettre au travail plusieurs centaines de personnes qui n’avaient que peu ou pas de perspectives professionnelles.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Mon père, avec sa rigueur et ses valeurs : l’honnêteté et la droiture. Des personnes que j’ai croisées, André Lacroix, l’actuel Président du Relais et Kader Galit, trop tôt disparu, qui sont des modèles de conviction et de tolérance. Ils ont su donner le vrai sens au combat associatif dans ce qu’il a de plus noble, à savoir, travailler sans cesse pour améliorer là où la société a mal.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Comme dit la grand-mère d’un ami : « Qui ne risque rien perd tout ! » Quelque soit d’où l’on vient, bien ou mal parti, il faut être maître de son destin. Ne jamais s’apitoyer sur son sort et toujours être acteur de son existence.


Françoise GUILLOCHON

Françoise GUILLOCHON
Elève brillante aux années lycée, elle s’est donné un peu plus de temps aux années université, navigant de la chimie/biologie à l’anglais. Elle a atteint la maîtrise, accompagnée par Kenneth White, Gary Snider et les haïkus japonais. Une opportunité l’a fait devenir formatrice en Français Langue Etrangère, puis coordonnatrice du centre de formation où elle travaillait. Une deuxième opportunité l’a fait basculer sur la coordination emploi formation en Seine-Saint-Denis. La troisième opportunité lui a permis de prendre la barre d’ Astrolabe Formation qu’elle dirige depuis 15 ans maintenant.
Astrolabe est une association de formation et de qualification de personnes en difficulté. Elle intervient dans les domaines qualifiants, dans l’accompagnement à la recherche d’emploi et dans la formation générale. Chaque année elle accueille environ 5000 personnes dans ses antennes de Villemomble, Bobigny et Nanterre.


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?
Le choix s’est fait à partir d’opportunités. Je suis restée dans ce domaine car j’aime le travail d’équipe, la dynamique de projet, le travail en partenariat.

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
L’écoute des autres, le respect des individus, la prise en compte globale de la personne, la confiance, la persévérance.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
La mise en place et le fonctionnement, depuis plus de dix ans, des pôles de mobilisation professionnelle, dispositif de formation pour les jeunes demandeurs d’emploi, financé par la Région Ile-de-France.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Là, je n’ai rien à répondre si cela fait référence à des personnes qui ont influencé mon activité professionnelle….
Si c’est extra professionnel, je dirais Antonin Artaud, Françoise Dolto, Egon Schiele.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Saisir toutes les opportunités qui se présentent, ne pas lésiner sur le travail à accomplir, laisser les personnes faire preuve d’autonomie.


Salah TAÏBI

Salah TAÏBI
Il est né en Algérie. Après ses études il travaille comme attaché culturel. Il arrive en France en 87 et fait un DEA de sociologie puis une maîtrise d’histoire à Jussieu. Intéressé par l’enseignement et l’insertion il exerce d’abord comme formateur, puis comme conseiller professionnel dans les dispositifs « jeunes ». Il poursuit sa carrière dans l’insertion économique et devient directeur de « Halage », une entreprise d’insertion de l’Ile Saint Denis. En 1998, à Saint Denis, il fonde TERRITOIRES et en devient directeur.
TERRITOIRES est une structure d’économie sociale et solidaire et d’insertion par l’activité économique dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable qui accueille, forme et mène vers l’emploi des personnes en difficulté ; la pédagogie utilisée est celle des « chantiers d’insertion » et des « chantiers école ». L’association anime aussi et gère des jardins collectifs de voisinage dans un quartier d’habitat social, ainsi qu’une boutique de commerce équitable et de produits biologiques.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?

C’est un choix de conviction. J’ai toujours milité dans le monde associatif. Je crois beaucoup à la nécessité de solidarité et à l’action citoyenne. Dans ma jeunesse j’avais un penchant pour l’action et le mouvement contre les injustices ; en mûrissant, j’ai décidé de vivre professionnellement mes convictions. C’est donc naturellement que j’ai construis mon parcours dans le domaine de l’insertion et de la formation au service des démunis et de ceux qui souffrent dans notre société.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Les choses ont commencé par une opportunité d’emploi dans une association d’insertion, et depuis …. Je suis toujours dans le même secteur ….

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
Je suis très attaché aux valeurs de solidarité et de justice sociale. Je crois beaucoup à la nécessité du changement, c’est pourquoi j’agis quotidiennement pour construire des alternatives. Notre planète est en danger, j’essaye modestement d’agir au service du « développement durable ».

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Le projet de requalification environnementale et sociale que nous avons engagé sur le site de la Fosse Sablonnière à Saint Denis. En quelques années, nous avons fait d’une friche urbaine abandonnée un formidable espace au service de l’environnement, de l’emploi, de l’insertion et du lien social.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour l’œuvre de Gandhi et de Nelson Mandela.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Rien n’est jamais trop tard, rien n’est jamais perdu ; il y a toujours une deuxième chance. Il faut toujours persévérer pour pouvoir la saisir. Tu es maître de ton destin et ton avenir est entre tes mains.

Françis DUBRAC

Françis DUBRAC
Il a commencé à travailler sur des chantiers dès la fin de ses études. Il a pris ensuite la direction de l’entreprise familiale DUBRAC TP qui venait de s’installer à Saint Denis. Ses convictions le poussent à s’investir localement et contribuer ainsi à maintenir un lien entre la population du territoire et le développement économique. Il rencontre régulièrement les jeunes du quartier et leur ouvre son entreprise pour la découverte de métiers porteurs... et des emplois. Il est actuellement président du Comité d’expansion économique de la Seine Saint Denis, de l’association d’entreprises Plaine Commune promotion, et de l’Office de tourisme intercommunal.
DUBRAC TP est une entreprise familiale de plus de 200 salariés. Elle a été créée en 1923 dans un contexte de fortes migrations en provenance de Bretagne, suivies par les « filières » espagnoles, puis portugaises, maghrébines et aujourd'hui en provenance d’Afrique subsaharienne. L’entreprise est implantée entre les Francs-Moisins à Saint-Denis et les 4000 à La Courneuve.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?
L’entreprise Dubrac TP a toujours recherché ses recrutements dans son bassin d’emploi. Les différentes vagues migratoires depuis 1923 en ont été une des principales sources de main d’œuvre. Depuis 1960, les entreprises se sont habituées à la qualité des travailleurs qui ont progressivement appris et participer à la construction de notre pays. Aujourd’hui, âgés de 65 ans, ils partent à la retraite sans avoir transféré ce savoir sur des populations jeunes. Ces jeunes, aujourd’hui ne sont plus des migrants mais des jeunes de nos quartiers. L’entreprise et la jeunesse se regardent sans se connaître. Chacun a besoin de l’autre. L’insertion pour moi, c’est la fusion de ces deux mondes.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Les événements de 2005 ont peut être permis une plus grande réflexion sur nos problèmes d’emploi, d’intégration et de société.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
Celles de la République : Liberté. Egalité. Fraternité

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
A chaque fois qu’un jeune apprenti a définitivement accroché à son futur métier et que son intégration dans l’entreprise est un succès.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Mon premier patron, le premier chef de chantier sous les ordres de qui j’ai appris la technique et Monsieur Daniel Bioton, ancien Maire de Pierrefitte pour son expérience de la vie politique et de la société.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune dans la vie ?
Fais surgir « l’envie » que tu as au fond de toi.


Nourredine CHERRADI

Nourredine CHERRADI
Une formation d’Ingénieur à l'Ecole Centrale de Nantes, 4 ans dans l’enseignement. Assistant de Faculté de Médecine, 12 ans dans l’industrie. Directeur à Berliet au Maroc, 11 ans dans l’ingénierie de formation à l’AFPA, 13 ans au service de l’emploi et du développement local en tant que directeur du GIP emploi (groupement d’intérêt public) de Saint Denis, puis du GIP EMPLOI de ROISSY
De 1999 à 2007, ce GIP a eu pour mission de mettre la question de l’emploi au cœur du développement de la zone aéroportuaire afin d’en tirer les actions à mener aux bénéfices des populations riveraines et des entreprises locales.


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?
Cela a été un simple, mais heureux, concours de circonstance. A mon retour d’un congé sabbatique, il a fallu, au pied levé, organiser l’action de l’Etat dans le champ de l’emploi autour de ce qui est devenu le Stade de France.
A cette occasion j’ai appris à connaître les acteurs de ce champ, qui de bénévoles à militants font un travail formidable, peu reconnu et doté de moyens toujours en deçà du niveau où l’action économique l’exige.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
Etre du coté du plus faible, le soutenir et l’aider à se développer pour devenir plus utile à la collectivité.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Trois actions :
- Celle qui a eu lieu sur le pôle de Roissy a été positive, malgré touts les freins et l’immobilisme des structures.
- Bien entendu l’action menée à la Plaine Saint Denis a un coté magique, heureux, festif mais surtout collectif.
- Dans le champ de l’industrie et du privé, la construction et l’organisation d’un réseau commercial de distribution de véhicules poids lourds au Maroc en doublant son taux de pénétration en 5 ans.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Jean Pierre Duport qui a tant fait pour faire bouger les choses en Seine Saint Denis. Patrick Braouezec, pour avoir saisi les opportunités et les avoir développées dans un esprit d’ouverture et de rassemblement.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Fais avec plaisir ce qui te plait dans la vie, mais fais des choses utiles pour tous.


Marianne BUREAU

Marianne BUREAU
Elle est née et a fait ses études en Allemagne. De 1972 à 1977 elle a été membre active d’une coopérative européenne dans différents pays de la communauté. En 1974 elle participe à l’occupation des marches du Parlement Européen de Bruxelles pour la création d’un passeport Européen. Elle s’installe définitivement en France en 1978 et travaille pendant plusieurs années comme éducatrice de Rue dans la Cité des 4000 logements à La Courneuve. Elle dirige JADE depuis sa création en 1988.
Cette association met en place des actions pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle de publics en grande difficulté. Elle utilise deux supports : une activité « insertion par l’économique » en bâtiment et une activité « auto-école / sécurité routière ».
Avec son auto-école JADE combine une formation aux règles de la Sécurité Routière avec un accompagnement social et professionnel personnalisé. Elle prend aussi en compte les problèmes d’illettrisme, de prévention santé, de gestion des risques routiers, d’éducation citoyenne…


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?
Chaque jeune a des ressources cachées en lui. Chaque jeune a le droit fondamental de choisir son parcours de vie et son parcours professionnel excepté que certains d’entre eux n’ont pas les mêmes potentialités dès le début de leur vie (parents pauvres, précarité familiale, de logement, administrative, etc..)

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
Liberté - Egalité

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Faire perdurer l’auto-école associative avec sa pédagogie

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Berthold Brecht – Angéla Davis – Pierre Bourdieu – Les marcheurs de
La marche pour l’égalité (1983)

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Avoir de la patience et de la persévérance.


Marc TANGUY

Marc TANGUY
Il est né en Tunisie. Devenu ingénieur en organisation il crée une entreprise artisanale dans la décoration, et co-édite des ouvrages pédagogiques sur l’aérographie. Premières activités de formation en 1987, et par la suite, création deux centres de de formation :
le CNA-CEFAG
(formation aux Arts Graphiques et au multimédia) qui prépare à des titres homologués, des diplômes et des certificats de compétences professionnelles. Il accueille en formation à Paris, Bagnolet et Maisons-Alfort des demandeurs d’emploi adultes et des jeunes en difficulté.
le CFA-COM (métiers de la communication visuelle) qui accueille des apprentis dans des filières de formation qui vont du CAP au BTS.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion/la formation ?
Je ne peux pas dire que j’ai choisi de m’engager dans la formation. Je pense que j’ai été engagé par les circonstances. En tant que jeune artisan je connaissais presque pas le domaine de l’insertion. J’y étais confronté la première fois à Maisons Alfort. Nous avions réalisé une fresque avec des jeunes des quartiers. Cela a été une aventure passionnante, intéressante au niveau de la synergie pour les jeunes, les habitants et nous-même. Nous partagions notre désir de créer des images. Et puis le reste est venu petit à petit. Je me suis pris au jeu.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Oui, l’engagement complet dans la formation et l’abandon de l’activité de décoration est arrivé précisément à la suite d’une rencontre avec un coordonnateur de la mission locale de Créteil. C’était à l’époque de la création du CFI (crédit formation Individualisé) pour les jeunes en grande difficulté. L’activité que j’exerçais dans l’artisanat et plus précisément dans la décoration sur volume à interpellé ce responsable d’insertion qui nous a proposé d’accueillir des jeunes du département en atelier découverte métier. Mon parcours dans la formation a commencé avec ces échanges de savoir faire.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
Je n’attache pas d’importance à des valeurs particulières mais je suis sensible à une éthique, à une morale humaniste que j’ai partagée tout au long de ma carrière avec mes collègues. Je suis sensible à la créativité et revendique la passion.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
La création du CFA ( centre de formation des apprentis) de la communication visuelle et du multimédia est sans doute la création dans laquelle je me suis investi le plus et que j’ai à cœur de voir se développer.
Elle correspondait à un besoin de créer une filière de formation accessible à des jeunes de milieu modeste. Dans la création en arts graphiques, les écoles publiques sont élitistes, et les écoles privées chers. L’apprentissage a permis de démocratiser un secteur jusque là réservé à des « fils à Papa ».

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
J’ai beaucoup d’admiration pour Jules Ferry, c’est le premier homme politique qui a fondamentalement œuvré pour l’éducation. D’ailleurs notre organisme a élu domicile - est-ce un hasard –rue Jules Ferry !

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Etre ouvert aux rencontres. Je pense que nous gouvernons peu de choses dans la vie. Quand le hasard frappe à la porte ; encore faut-il se lever pour aller ouvrir. Et il ne s ‘agit pas d’être optimiste ou pessimiste mais d’être déterminé. Je donnerais ce conseil pour réussir.


Véronique SAINT-AUBIN

Véronique SAINT-AUBIN
Née dans la campagne normande, elle a grandi dans une cité aux Mureaux. Mariée, trois enfants, elle a « fait » un DEUG de maths à Jussieu puis a intégré une association de Stains qui cherchait des bénévoles pour animer des cours d’alphabétisation. Dans les années 80, elle a été embauchée pour coordonner l’antenne de l’association. Elle a repris des études universitaires et est devenue directrice de Solidarité Formation Mobilisation Accueil et Développement.
Cette association loi 1901 agit au cœur de deux cités, le Clos Saint-Lazare à Stains et Orgemont à Epinay-sur-Seine. SFM-AD intervient dans l’action sociale et la formation professionnelle des jeunes. Plus de 3000 personnes sont accueillies chaque année : des petits enfants dans la halte garderie, des enfants et des adolescents dans ses centres de loisirs, des demandeurs d’emploi dans l’accompagnement vers l’emploi et dans des actions de formation (Atelier à Pédagogie Personnalisée, chantiers de solidarité internationale, lutte contre l’illettrisme …).

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion ?
… Le sentiment de pouvoir agir directement sur la misère, la précarité, l’illettrisme,… en étant réactive, non pas seule, mais EN EQUIPE, en étant AUPRES et AVEC les personnes démunies. Les accueillir sans jugement, croire en elles… S’engager dans l’insertion, c’est croire que l’autre (l’enfant, le jeune, l’adulte,…) peut s’en sortir si on le dote de moyens efficaces (la culture, des compétences, la connaissance et l’appropriation de son environnement…), si on lui donne les moyens de prendre sa vie en mains. L’approche inter et multiculturelle de l’insertion en Seine-Saint-Denis a été également au cœur de mon engagement : partager et échanger autour de cultures si différentes, mais finalement si semblables… Enfin, l’insertion, c’est également œuvrer à plusieurs (en équipe, avec des partenaires…) pour trouver des formes d’intervention innovantes et porteuses de changements…

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
La réponse à l’annonce, à une petite annonce, dans Libération en 1980 !…

A quelles valeurs êtes-vous le plus attachée ?

Le respect, la solidarité, la fraternité.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Mes enfants !… Et peut-être…, en 1992, un séjour en Tunisie avec des adolescents de 13 à 17 ans, qui nous ont privés de sommeil pendant 12 jours, parce qu’ils trouvaient que le voyage était nul. Nous les avons croisés 15 ans plus tard, devenus pères et mères de famille, « installés dans la vie » (ayant « réussi » pour la plupart), pour apprendre d’eux qu’ils ont gardé un excellent souvenir de ce voyage… Génial !!!!

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Une coordinatrice emploi formation (!) et … Albert Camus (« Réflexions sur la peine de mort »)…

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
On n’exerce que rarement le métier qui correspond à celui escompté dans notre jeunesse. A partir de là, tout est possible et les concours de circonstances, les rencontres conditionnent alors les choix qui vont s’opérer. Prendre plaisir à ce que l’on fait dans son métier est important ; la carrière, la réussite pécuniaire ne viennent qu’en second lieu… sans pour autant négliger le temps consacré à la famille.


Valérie GOURLET

Valérie GOURLET
Elle est née … à seize ans, au détour d’un livre qui l’a réveillée... Elle a alors appris à danser, commencé à dire non, décidé d’écrire comme on déclare l’indépendance. Elle a étudié la philosophie…. et été infiniment amoureuse. Elle a volontairement quitté l’entreprise où elle travaillait pour devenir enseignante dans un collège en classe de CLIN (classe d’initiation linguistique).
Ses élèves viennent d’arriver en France ; ils ne parlent pas le français et n’ont pas toujours été scolarisés dans leur pays d’origine. Ils ont entre 6 et 12 ans. Ils apprennent la langue et ce dont ils ont besoin pour partir dans d’autres classes.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’éducation ?
J’ai choisi de m’engager dans l’éducation pour trouver l’articulation entre ce que je suis à titre personnel, la culture dans laquelle je m’inscris, mes choix éthiques et politiques, mon histoire et les enjeux que j’accorde à un travail. Car enseigner, c’est sans cesse penser sa pratique et bricoler avec les convictions et la fragilité, la technique et l’improvisation, la prévision et l’immédiateté, la mise en scène et l’intimité, le travail sur soi et la prise de risques.... Le bricolage me plaît bien. On n’est jamais sûr de rien.
Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
C’est venu très tard mais comme une évidence, quand la vie m’a appris à quel point elle pouvait être courte. Alors ne plus la perdre juste pour la gagner…

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
J’admire ceux qui conservent jusqu’au bout la capacité de révolte et d’indignation. J’aime l’intégrité qui fait que l’on garde tout, on ne renie rien, on ne se perd pas, on garde le cap et on tricote sa capacité à vivre, à faire et à résister, sans cesse, avec le meilleur et le pire. Je n’aime pas les écritures sans ratures, la perfection. J’ai du mal avec le mot valeur, qui m’évoque le prix selon lequel quelque chose pourrait être échangé.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Mes enfants sont la réalisation qui me tient le plus à coeur. Parce que cet amour-là ne demande pas à être, il est. Et parce que je pense qu’ils sont maintenant prêts pour se réaliser eux-mêmes. Alors à eux de passer le témoin…

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Je suis infiniment reconnaissante à ce professeur de français qui m’a confié « Le barrage contre le pacifique » de Marguerite Duras un jour où j’étais triste à mourir. Mon amoureux m’émerveille tous les jours parce qu’il ne me demande pas d’être une autre. Un grand merci aussi à tous mes élèves et à ceux qui m’ont aidée à construire un métier qui me va bien.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Et quel conseil pourrais-je donner à un jeune dans la vie ? Allez… « Respire! Et reste debout, les pieds dans le sol, la tête dans les étoiles, comme les danseurs. Regarde devant. Pas lâcher. C’est comme ça qu’on tient les équilibres…Et puis aime-toi quand même un peu, au moins assez pour pouvoir aimer les autres. »


Olivier JOSPIN

Olivier JOSPIN
Il est né en 1943 dans les Hauts de Seine. Il a été international junior de basket, coopérant en Afrique. Très jeune il s’est engagé politiquement et il a travaillé comme éducateur spécialisé. Il est entré comme enseignant d’éducation physique à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Paris (CCIP). Il y est devenu directeur de CFA. Il s’est proposé pour être le chef d’un projet porté par la CCIP de la Seine Saint Denis, celui de créer une école de la deuxième chance (E2C).
En 2002 il est devenu directeur de cette première école et a contribué à l’ouverture d’autres sites dans le 93, puis en Ile de France. Il est actuellement président de l’E2C de Paris.



L’ E2C est une école différente qui accueille des jeunes de plus de 18 ans sortis depuis au moins deux ans du système scolaire, sans diplôme ni qualification, ainsi que des adultes allocataires du RMI en Seine Saint Denis.
L’objectif est d’aider des personnes qui ont conscience d’un niveau scolaire trop faible et d’une expérience insuffisante pour espérer un emploi stable, et qui décident de «retourner à l’école» pour aller vers un métier choisi.
Le développement des compétences personnelles et sociales est privilégié, l’acquisition des connaissances est assurée de manière individualisée et la formation est complétée par de nombreux stages en entreprise.
Le développement de l’E2C s’est d’abord fait en Seine Saint Denis (où il y a maintenant quatre sites), puis dans l’Essonne, les Yvelines et la Seine et Marne. Le huitième site d’Ile de France a ouvert ses portes en 2007 à Paris.


Michel BONNET

Michel BONNET
Il a passé son enfance et sa jeunesse en Lorraine. Très jeune il s’est engagé dans le milieu associatif. Il est venu à Paris faire des études universitaires. Il a commencé à travailler comme enseignant, puis il est passé à la formation professionnelle. Il a été directeur de la Mission locale Intercommunale d’Insertion des Jeunes (MIIJ) d’ Epinay, de l’Ile Saint-Denis, Saint Ouen et Villetaneuse et a initié la création d’une association des Missions locales du 93.
La MIIJ accueille et informe les jeunes de 16 à 25 ans qui sont sortis du système scolaire et recherchent un emploi durable ; elle les aide à élaborer un projet professionnel et à définir un parcours pour le réaliser. Chaque année elle accompagne plus de 4000 jeunes demandeurs d’emploi vers la formation ou un emploi direct.


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans l’insertion des jeunes ?
Ma vie professionnelle et ma vie citoyenne sont étroitement liées ; le fil conducteur est la jeunesse – notre avenir. Militant associatif pour le développement de la culture, enseignant en IUT, formateur en entreprise, responsable de formation à Léo Lagrange, directeur de Mission locale.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Oui, probablement, les évènements de mai 1968.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
La solidarité, la justice.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Avoir créé dès 1982 la Mission locale de Meaux, avoir reconstruit la Mission locale d’Epinay, avoir monté le projet de collaboration avec le Brésil.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Bien évidemment Bertrand Schwartz, Don Helder Camara, Léo Lagrange, … et de nombreux directeurs de Missions locales, mais pas tous.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Accroche toi, crois en tes possibilités, écoute les conseils judicieux !


Caroline CHOMIENNE

Caroline CHOMIENNE
Pendant ses études universitaires elle pratique la danse classique puis vient à la réalisation cinématographique : des courts, moyens, longs métrages et des documentaires - en Afrique, au Brésil… Puis elle fait deux rencontres déterminantes, René Allio et Félix Guattari, qui l’ont associée à la création d’ALTERMEDIA en 1987.
Cette association, centre de ressources du long métrage, est présidée par Gérard Mordillat. Elle accompagne les projets professionnels d’auteurs, réalisateurs et techniciens pour que toutes les générations du cinéma travaillent ensemble et pour favoriser la diversité sociale et culturelle du cinéma français - le cinéma, outil de transformation sociale ? ALTERMEDIA organise des ateliers d’écriture, de long métrage et de documentaire, et des résidences de réalisation filmique.
En 2002 elle a créé, à Paris et en Seine Saint-Denis, Songes d’une nuit DV - des rencontres autour du film essai en numérique, esquissant ainsi avec les réalisateurs qui utilisent le numérique pour la légèreté de sa production et pour la réalisation de films singuliers et libres « une autre Histoire du Cinéma ».



Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans la formation ?
Pour favoriser la mixité sociale et culturelle du cinéma français, la liberté de ton et la singularité des films, pour partager des expériences de premières réalisations – souvent les plus sincères et pleines, avec quelques uns qui ont du courage et peut-être du talent…

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
J’ai réalisé mes premiers films avec l’aide du Centre Méditerranéen de Création Cinématographique, dirigé par René Allio. Quand il a fermé, ça m’a manqué, et j’ai cherché à en créer un autre….

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
La liberté de pensée, l’ouverture sur le monde…

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Mon prochain film : une comédie musicale flamenco au cœur de l’Andalousie, avec la danseuse Cristina Oyos et le jeune groupe au flamenco très métissé Ojos de Brujo.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Dans la vie, René Allio, Félix Guattari, Antoine Bonfanti…
Au cinéma, Luis Bunuel et Jacques Rozier

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Persévérer dans ce qu’il aimerait faire, oser.


Jack RALITE

Jack RALITE
Il est né en 1928 dans une famille d’artisans. Très jeune il s’est engagé dans la vie politique. Il est devenu maire adjoint d’Aubervilliers en 1959. Sa passion pour la culture l’a poussé à lancer en 1960, avec Gabriel Garran, homme de théâtre, animateur et militant culturel, le projet de création du Théâtre de la Commune. Il a été député communiste pendant huit ans et ministre de François Mitterrand pendant deux ans. Il a été maire d’Aubervilliers puis Conseiller régional. Il est sénateur depuis 1995, exerce la fonction de conseiller municipal d’Aubervilliers et est également conseiller communautaire de Plaine Commune.

Le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers a ouvert ses portes en 1965. Il a été envisagé dès le début comme "lieu de plaisir et de culture partagée en commun". Dès 1960, dans l’attente de la construction des locaux, l'Ecole d'art dramatique et le groupe Firmin Gémier ont été créés et, l’année suivante, un festival a été organisé dans le gymnase municipal. Puis c’est la salle des fêtes qui a accueilli les spectacles jusqu’en 1965, date inaugurale du Théâtre. En 1966 la ville reçoit une mission de préfiguration de Maison de la Culture. Avec la première subvention commence un nomadisme culturel dans tout le département, notamment à Bobigny où sera finalement implantée la M.C. 93 en 1971. La même année le T.C.A. devient Centre Dramatique National. Une deuxième salle de spectacle et une salle de cinéma y sont ouvertes en 1975.
Jack Ralite est décédé à Aubervilliers en novembre 2017.


Y a-t-il une ou deux personnes ou personnalités pour lesquelles vous avez beaucoup d’admiration ?

Robespierre, un curé de mon enfance, Marc Bloch, Jacques Kaiser ( pour son ouvrage sur Dreyfus), Stendhal (pour « Le Rouge et le Noir »), Pierre Blanchard….


Régis HEBETTE

Régis HEBETTE
Il a grandi à Bagnolet en Seine-Saint-Denis. A 16 ans il est allé au lycée à Paris où il était un élève peu motivé. Après le baccalauréat il a suivi différents cours de théâtre, et parallèlement il était animateur de quartier à Bagnolet. Sa passion s’est peu à peu affirmée et il a éprouvé le besoin d’aller à l’université étudier le théâtre. Il a eu quelques expériences comme comédien et il a ensuite animé un atelier dans un centre social.
De cet atelier est née la compagnie Public Chéri qui s’est professionnalisée au début des années 90 et avec laquelle il a créé le Théâtre l’ECHANGEUR en 1996.
C'est dans cet ancien bâtiment industriel transformé en théâtre que sont présentés les spectacles de Public Chéri, les réalisations de nombreuses autres équipes de théâtre, de musique et de danse, ainsi que les spectacles réalisés avec et par les amateurs, (enfants, jeunes et adultes) qui suivent des ateliers.


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans le théâtre ?
Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Vers 18 ans j’ai assisté à Amsterdam à une pièce en anglais à laquelle je n’ai rien compris mais qui m’a malgré tout beaucoup impressionnée. En rentrant je me suis inscrit à un atelier amateur, mais mon engagement a été très progressif et il m’a fallu plusieurs années avant d’acquérir un peu de discipline et de sérieux dans ma pratique du théâtre. La réflexion n’a pas jouée un grand rôle dans ce choix, il s’agissait plutôt d’une attirance, d’une intuition.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?
Les mots dans ce domaine sont souvent vidés de leur sens. Que met-on derrière les mots liberté, égalité, fraternité ? Les députés qui ont récemment votés la loi sur l’immigration se réclament aussi de ces valeurs. On parle également de la « valeur travail » : oui, le travail peut représenter un épanouissement dans certains cas mais il peut signifier exactement le contraire dans beaucoup d’autres. De quel travail parle-t-on ?
C’est en observant ce que les gens font que l’on peut connaître les valeurs qu’ils défendent, plus qu’en les écoutant.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
La prochaine. J’espère toujours que le meilleur est à venir et que je ferai mieux la fois d’après.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
J’ai été et je suis influencé par beaucoup de gens mais aussi par des lectures, des expériences… je ne peux pas distinguer deux ou trois personnes qui m’aient particulièrement influencées hormis mes parents et peut-être particulièrement mon père qui m’a appris à raisonner et à porter un regard rationnel sur le monde.
Sur le plan professionnel la lecture d’Antonin Artaud m’a beaucoup marquée et j’ai toujours en tête cette phrase de lui : « toute idée claire est une idée morte… »

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Il me semble que l’essentiel est d’apprendre à cultiver sa curiosité pour ce que l’on ne connaît pas. Ce que l’on aime le plus facilement c’est ce qui nous est familier, mais c’est toujours ce qui nous est étranger qui nous permet d’évoluer et de ne pas nous refermer sur nous-mêmes.


Bernadette RWEGERA

Bernadette RWEGERA
Elle est née au Rwanda. Elle s’est mariée et a trois enfants. Elle termine en France ses études en Sciences Humaines et, en 1996, avec le soutien de son mari et de quelques amis elle créé l'association IKAMBERE.
Cette association accueille des femmes porteuses du VIH et leur apporte un accompagnement administratif et social. On y organise des ateliers d’informatique, d’esthétique et de cosmétique, ainsi qu’une information sur la prévention. Depuis sa création, 1300 femmes ont ainsi été accueillies. Devant les difficultés que rencontraient ces femmes à trouver un emploi, Ikambere a créé en 2002 une entreprise d’insertion, La Main Fine. C’est une boutique où sont vendus des vêtements et des tissus d’ameublement. Mais c’est surtout un lieu qui apporte à ces femmes une promotion et une reconnaissance sociale, en leur permettant d’acquérir une formation de couturière et de vendeuse.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans les « solidarités » ?
J’ai vu qu’il y avait un besoin de solidarité envers les femmes atteintes du VIH.
Elles souffrent de solitude, d’isolement. Elles doivent se cacher. Ici elles ont enfin un endroit où l’on est soi-même Les chiffres d’accueil montrent que j’avais raison.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
C’est suite aux enquêtes réalisées et aux rencontres que j’ai faites pour mon mémoire en 1995. Il s’intitulait « Les femmes et les enfants d’Afrique subsaharienne vivant en Ile de France et atteintes du VIH ».

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
L’amitié, et surtout le respect, quelle que soit la personne, quelle que soit son origine. Aimer les gens est essentiel. S’il y avait plus d’amour dans le monde, il y aurait beaucoup moins de problèmes.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Mes enfants, Ikambere et La Main Fine

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
J’ai beaucoup d’admiration pour Nelson Mandela. Sa vie et sa bataille m’ont beaucoup marquée. Il faut savoir se battre. On n’a jamais rien sans rien.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
La première chose, apprends le respect, prends le temps d’écouter, de regarder, de réfléchir. La deuxième chose, ne fais pas ce que les autres font. Il faut avoir des objectifs personnels et de l’ambition. Il faut mettre la barre très haut, ainsi tu es assuré d’avoir un minimum. Il y a beaucoup de possibilités de faire des études. Il faut te donner les moyens d’aller jusqu’au bout.


Djamila BENMOSTEFA

Djamila BENMOSTEFA
Elle est la deuxième fille d’une famille nombreuse. Elle a passé son enfance dans le Nord de la France. La lecture a été sa bouée de sauvetage, une véritable évasion. Elle a mené de nombreuses batailles pour « exister », pour être elle –même. Après ses études, pour assurer son indépendance elle est venue à Paris. Elle a travaillé dans l’édition. Elle a été maman. Avec plusieurs autres femmes elle a créé une ludothèque, LUDOLEO.
Et, après plusieurs années de bénévolat, elle a pris la direction de cette association qui accueille parents et enfants et oriente son action autour du jeu et la mixité sociale, vers la prévention des exclusions et de l’échec scolaire et vers une meilleure insertion et un accompagnement des familles lors de difficultés parentales. Elle propose de nombreuses activités aux jeunes et aux seniors : des prêts de jeux et des animations sur place et aussi à l’extérieur (dans des écoles, des centres pour personnes handicapées). Elle accueille aussi deux centres d’alphabétisation.

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans les « solidarités » ?
L’ envie, à un moment de ma vie, de créer avec d’autres une structure qui puisse accueillir les parents isolés et la petite enfance, pour lutter contre l’échec scolaire et l’exclusion.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Lorsque mon fils était en PMI les contacts avec les autres parents m’ont amenée à constater toutes les inégalités qui existent face à l’acquisition des connaissances, face à la vie….

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
La liberté…, celle de la parole, celle d’être soi-même.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Mes enfants. La ludothèque.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Betty Smith, qui a écrit des livres pour les enfants, Dostoïevski, en particulier pour « l’Idiot », et Malika Saïm, une amie d’enfance qui a mené elle aussi beaucoup de combats dans sa vie.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
En te tournant vers les autres, peu à peu tu t’épanouis. Il faut savoir lutter avec les autres mais souvent avec soi-même ! Etre consommateur, c’est triste… on a tous un rôle à jouer… deviens acteur de ta vie….


Marie-Luc MENEZ

Marie-Luc MENEZ
Elle est née en Bretagne. Toute jeune, elle a été animatrice d’un des premiers centres aérés, puis elle a suivi une formation de cadre socio-culturel en région parisienne.
Elle s’est passionnée pour la découverte des « autres » et a choisi de vivre avec eux. Depuis plusieurs années elle dirige l’ ARC EN CIEL.
Cette association a été créée par des femmes étrangères et françaises… de toutes les couleurs ( !), de la Cité du Londeau. La Présidente actuelle est Tunisienne. L’association a pour projet la promotion des femmes, l’accompagnement éducatif des parents, le soutien à la scolarité (du CP à la Terminale), la dynamisation de la vie sociale pour un «mieux vivre ensemble ».


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans les « solidarités » ?
Etant moi-même d’un milieu populaire, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont estimée, qui m’ont aidée, sans condescendance, à ne plus me sentir d’un milieu inférieur. Et alors j’ai pu être librement « moi ». De ce fait, être solidaire des autres, ça m’est devenu tout naturel.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
Je dois au responsable de l’équipe de formation des Cadres socio-culturels, l’équilibre et la stabilité qui m’ont permis de « tenir » malgré parfois des vents contraires. Avec ces formateurs, la réflexion et l’expérimentation sur les « relations humaines » sont devenues une base fondamentale pour mes engagements.

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
Le plus beau compliment que j’ai reçu : celui d’une lycéenne quittant la maison de quartier, après deux années de partage : »Merci à toi Marie-Luc, tu es pour moi une femme libre ! ». Et je relie : Liberté-Authenticité-Présence aux autres- Fidélité dans la solidarité.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
La mise en place du « Relais Arc-en-ciel » avec la qualité de présence des femmes-relais, elles mêmes d’origines diverses, auprès des femmes et des familles souvent durement touchées par la vie. Le Relais est au cœur de la cité, comme un phare, un recours. Et, c’est une réussite quand l’une ou l’autre des femmes-relais obtient le diplôme récent de « médiatrice » socio-culturelle.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
J’ai vibré à la lutte active et non-violente de Martin Luther King et à la force inébranlable de Nelson Mandela – j’ai encore une « petite lumière pour lui »- (lors des manifestations de soutien).Avec les jeunes à l’origine de SOS Racisme, j’ai applaudi Johnny Clegg au grand rassemblement de Vincennes. Et il y a eu Pierre, pasteur protestant à Bondy, qui avait transformé les locaux du Centre en Maison de quartier pour tous ; j’y ai fait de l’alphabétisation et 6 ans de radio libre.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Ne te laisse pas enfermer dans ton milieu, tes habitudes, ton territoire…il y a autre chose à découvrir, d’autres gens à rencontrer. Tu vaux sûrement plus que tu ne le crois toi-même.J’aime beaucoup la vérité profonde de ce proverbe africain :
« J’étais dans le djebel et j’ai aperçu dans le lointain un animal. Je me suis approché et j’ai vu que c’était un homme. Je me suis encore rapproché, et j’ai reconnu mon frère ! »


Alain MANGOU

Alain MANGOU
Il est né en 1958 à la Rochelle dans une cité Emmaüs. Après le collège il entre à l'Ecole des Sous-Officiers d'Active pour servir dans l'Infanterie. En 1981, il entame une carrière dans la Police Nationale. Il se marie et a deux enfants. En 1990, suite à une période de violences urbaines à Montfermeil il crée le Centre de Loisirs et de la Jeunesse (C.L.J.) de la Police Nationale dans la cité des Bosquets et en assume la direction jusqu'en 2005. Actuellement, il exerce le suivi des actions de prévention et dispense des séances d'information en qualité de Brigadier Major à la D.D.S.P. de Bobigny.
Le C.L.J. organise de nombreuses activités sportives et socio-éducatives pour les jeunes. L'encadrement est composé de policiers, d'animateurs, de stagiaires et d’adultes relais. Des séances d'information sur la sécurité routière, le mineur et la loi, le recel, les rackets, les violences, la toxicomanie sont dispensées dans les écoles primaires et les collèges du site, et auprès des femmes relais et des pères de famille.


Pourquoi avez- vous choisi de vous engager dans la Police Nationale ?
Après une brève carrière dans l'Armée, j'ai choisi la Police Nationale, ayant eu connaissance des différentes spécificités de cette fonction par mon entourage familial et des amis. J'ai participé à de nombreuses missions de service général, d'ordre public, d'anti-criminalité, de formation et de prévention. Ce choix je ne le regrette pas, car il m'a fait découvrir l'évolution de la société en m'adressant à différents publics, me mesurant au quotidien à des situations très diverses, plus ou moins délicates, engendrant des joies et des peines. Dans mon enfance, mes parents m'ont inculqué des valeurs, dont le respect. Le policier incarne, de par ses fonctions, cette notion de considération pour les personnes. Le policier a un rôle de référent, de régulateur pour aider, conseiller, protéger mais également réprimer. Ce travail requiert des qualités humaines indispensables. « Gardien de la Paix » est le premier grade dans la Police Nationale.

Est-ce à la suite d'un élément déterminant ?
C'est par choix que j'ai opté pour le métier de policier.

A quelles valeurs êtes vous le plus attaché ?

Le respect, le courage, la compréhension sont les valeurs auxquelles je suis le plus attaché. Mon éducation s'est effectuée dans un milieu ouvrier modeste, mais riche d'enseignements.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à coeur ?
La construction du C.L.J. ! Cette mission de prévention de la délinquance juvénile m'a permis, ainsi qu'à l'équipe qui a travaillé à mes cotés pendant de nombreuses années, d'appréhender la réalité de la situation sur le terrain, au milieu de la population. Ressentir les difficultés au quotidien, n'est pas évident. Mon parcours de responsable au sein d'une association sportive de la Police Nationale, pendant 13 années, pour encadrer des jeunes dans la pratique de la Boxe Française, m'a également beaucoup apporté. Ce public était composé de jeunes issus de milieux culturels différents qui ont su converger vers une motivation commune, « la pratique du sport ». La notion de respect était réelle.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
En premier lieu, mon parcours a été influencé par des évènements vécus dans mon milieu familial. Mon père a perdu la vue à l'âge de 9 ans. Il a fait preuve de courage et de persévérance pour obtenir son diplôme d'accordeur de piano. Malgré son cancer, qui l'handicapait dans ses déplacements, il participait tout de même à la vie familiale et à la paroisse. Seule à travailler, ma mère a su élever trois enfants dans le respect des valeurs en adaptant le quotidien avec des moyens financiers très limités. Mes parents ont tous les deux fait preuve de courage et d'abnégation. Toutes les valeurs qui se sont dégagées de mon éducation, ont été déterminantes dans ma ligne de vie et mes choix professionnels.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune dans la vie ?
Sois acteur de ton destin, en choisissant tes fréquentations, et en étant proche de tes parents. Fournis les efforts nécessaires pour suivre une bonne scolarité, et n’hésite pas à demander de l'aide. Ne reste pas oisif. De nombreuses associations proposent des activités très diverses tant sur le plan sportif que socioculturel. Forge ta personnalité en prenant des initiatives, cela t’aidera à devenir un véritable citoyen et tu seras à ton tour un référent pour la jeunesse.

Thérèse CLERC

Thérèse CLERC
Elle s’est engagée totalement après mai 68 dans la lutte pour le droit des femmes et des causes écologistes. Elle est l’une des initiatrices du "manifeste de Pantin", qui aboutit à la loi sur la libéralisation de la contraception et de l’avortement
A 57 ans, à la suite d’un licenciement économique, elle décide d’organiser chez elle tous les mois des rencontres-débats. Quelques années plus tard, elle fonde la MAISON DES FEMMES de Montreuil.
La MAISON DES FEMMES est un lieu d’accueil, d’écoute, d’information, de formation et de culture pour les femmes de Montreuil. Toute l’année elle propose des cours d’informatique, de gym, de français… et elle organise des conférences-débats, des expositions, des spectacles ; elle participe aussi très activement à la vie du quartier et de la ville .


A plus de 80 ans elle a été à l’initiative d’un nouveau projet, une MAISON DES BABAYAGAS qui doit être plus qu’une maison de retraite, un lieu de vie autogéré pour des dames qui veulent continuer à être actives et solidaires.
La première pierre a été posée le 10 mars 2007
Thérèse Clerc est décédée à Montreuil le 16 février 2016.


Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans la défense des droits des Femmes ?
Parce que c’est la volerie et la plus grande vilénie depuis le fin fond des temps.

Est-ce à la suite d’un évènement déterminant ?
La vie conjugale si décevante….. « Le couple est le tombeau des femmes ! »

A quelles valeurs êtes vous le plus attachée ?
A l’authenticité pour les individus, à la citoyenneté pour le collectif.

Laquelle de vos réalisations vous tient le plus à cœur ?
Celle qui est en cours : la Maison des Babayagas.

Y a-t-il des personnes ou personnalités qui vous ont influencé ?
Ivan Illich, Simone de Beauvoir et André Gorz.

Quel conseil donneriez vous à un jeune dans la vie ?
Méfie-toi des pouvoirs et ne baisse la culotte qu’à bon escient !.....







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Joseph JAGO
00 33 632 238 751
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